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Hommage à Jean-Marie Flonneau

22 mai 2017

Ancien correspondant départemental de l’IHTP pour le Loiret, Jean-Marie Flonneau vient de nous quitter à l’âge de 74 ans.

Véritable amoureux de l’histoire, il a suivi sur les pas de Clio le chemin de l’excellence. Ancien élève de l’École normale supérieure de Cachan, agrégé, docteur en histoire et professeur en classe préparatoire au lycée Pothier d’Orléans, ce travailleur infatigable a mis pendant de nombreuses années sa science, son énergie et son plaisir de découvrir de nouvelles archives au service de la recherche historique. En tant que correspondant de l’IHTP, il a contribué à plusieurs campagnes de travail collectif dans les années 1990 et a coordonné avec Dominique Veillon l’enquête sur « Le temps des restrictions 1939-1949 » (Cahiers de l’IHTP n° 32-33, 1996). À chaque fois on pouvait constater l’ampleur et la solidité de son apport.

Parallèlement, il s’occupait du service éducatif des Archives départementales du Loiret, produisant mallettes pédagogiques et dossiers documentaires à une cadence remarquable. Moi qui ai repris le flambeau de cette fonction, je dois confesser que souvent je me tourne vers son abondante production lorsque j’entame un nouveau travail. Il n’avait pas son pareil pour mettre à jour des documents inédits à l’intérêt évident.

Toujours soucieux de transmettre son immense savoir, il a participé à l’écriture de manuels du secondaire, confectionné des recueils de diapositives à destination des enseignants et rédigé un manuel universitaire sur l’Allemagne de 1848 à 1945 pour les étudiants dans la célèbre collection U d’Armand Colin. En 2011 il a écrit sa dernière œuvre d’envergure, une histoire du Loiret pendant la guerre de 1870-1871, assurément une référence pour longtemps.

Comment ne pas évoquer, enfin, le professeur qu’il était ? Je fus son élève, et je peux témoigner qu’il faisait partie de ces enseignants que jamais l’on n’oublie. Sa voix de stentor n’avait d’égale que sa gentillesse et son humour. Son érudition, qui paraissait sans limite à son auditoire, estomaquait les plus cultivés d’entre nous. Il était un maître. « Vous êtes des diamants dans leur gangue » nous disait-il, et il avait à cœur que chacun de nous, une fois dégrossi, brillât de son propre éclat. Un souvenir résume l’attachement de Jean-Marie Flonneau à la formation des jeunes générations. À la fin du dernier cours de l’année, nous l’avions applaudi comme il le méritait. Passé la surprise, ainsi qu’une inhabituelle et fugace pointe d’émotion, il nous avait répondu en citant Pierre Mendès France dans son message à la jeunesse : « Soyez donc, au sens le plus riche de ce terme, des citoyens ! »

Sylvain Négrier, correspondant du Loiret