L’Institut d’histoire du temps présent a été fondé en 1978 et inauguré en 1980 par son directeur, François Bédarida.
Son histoire s’inscrit dans un double contexte : le réveil d’une mémoire européenne et internationale de la seconde guerre mondiale et des grands traumatismes du XXe siècle, et l’émergence concomitante d’une nouvelle historiographie du contemporain, entendu dans son sens étymologique, qui a conquis une légitimité pleine et entière dans le champ scientifique. L’histoire du temps présent s’attache à une période de l’histoire aux bornes mobiles correspondant à la mémoire humaine : elle étudie l’histoire dont les témoins sont encore vivants. Elle peut également se pencher sur des événements plus anciens dans la mesure où elle s’intéresse également à leurs traces dans le présent.
L’IHTP est pour une part l’héritier du Comité d’histoire de la deuxième guerre mondiale (CHGM), créé en 1951, rattaché à la Présidence du conseil, et dont les premières bases datent de 1944, lorsque le Gouvernement provisoire du général de Gaulle crée une Commission sur l’histoire de l’occupation et de la libération de la France (CHOLF) afin de réunir au plus près de l’événement des fonds documentaires et des témoignages. Dirigé par Henry Michel, le CHGM a joué un rôle important dans l’émergence d’une historiographie précoce sur la Résistance, la France occupée, le conflit militaire à l’échelle mondiale. Il a notamment créé, dans les années soixante, le Comité international d’histoire de la deuxième guerre mondiale.
En 1978, le Comité a été intégré à l’IHTP, un nouveau laboratoire propre du CNRS qui a hérité de sa bibliothèque et de ses archives. La promulgation de la loi de 1979, réduisant les délais d’accès aux archives publiques, et surtout le développement des recherches sur l’histoire récente, ont entraîné la création d’un nouvel organisme auquel on a assigné d’autres missions. L’IHTP a ainsi développé et étendu l’historiographie de la seconde guerre mondiale et a contribué à ouvrir de nombreux chantiers sur l’histoire récente du XXe et du XXIesiècle: l’histoire comparée des deux conflits mondiaux, les guerres coloniales, les nouveaux systèmes politiques totalitaires (fascisme, nazisme, communisme), la mémoire collective, le droit et la justice. L’avancée des bornes chronologiques conduit les historien·ne·s du temps présent à se concentrer aujourd’hui sur le monde né des décolonisations du XXe siècle.
L’investissement sur la dimension tragique du XXe siècle a développé parmi les chercheurs de l’IHTP et de son environnement proche une sensibilité particulière au poids de l’événement traumatique, à la confrontation avec le témoin, à l’analyse de la mémoire collective et des usages ou politiques du passé, à l’importance de l’image comme source majeure de représentation du temps contemporain, aux rapports avec la demande sociale et l’espace public, autant de questions au cœur de la pratique des historiens d’aujourd’hui.
Depuis le 1er janvier 2016, l’IHTP est devenu une Unité mixte de recherche associant le CNRS et l’université Paris 8. L’équipe est composée de chercheurs CNRS et enseignants-chercheurs de Paris 8 et d’ingénieurs de recherche du CNRS et d’une gestionnaire de Paris 8. Des enseignants-chercheurs d’autres universités, sous convention, sont également intégrés à l’équipe permanente. L’institut compte également des collaborateurs et collaboratrices de recherche associés à différents projets, une trentaine de masterants, doctorants et post-doctorants et des chercheurs invités.
L’IHTP a enfin la particularité unique d’être à la tête d’un Réseau des Correspondants département riche d’une trentaine de correspondants, pour la plupart enseignants certifiés et agrégés, parfois docteurs en histoire, qui sont impliqués tous les quatre ans dans un programme de recherche, l’organisation d’un colloque terminal et une publication. Le laboratoire est au cœur d’une convention entre l’Université Paris 8 et la Universitade do Estado de Santa Caterina à Florianópolis (Brésil) autour des usages du passé et des politiques du présent. Il porte enfin un réseau de recherche international (IRN) portant sur l’histoire du temps présent, mémoire et émotions en Amérique latine et en Espagne (HISTEMAL).
À l’automne 2019, l’IHTP a rejoint le campus Condorcet, à Aubervilliers. Les ouvrages de sa bibliothèque ainsi que son fonds d’archives ont également été versés à l’Humathèque du Campus.
Les recherches actuellement menées à l’IHTP portent plus particulièrement sur l’enfance, les sciences de l’éducation et la justice des mineurs, les questions de mémoires, la seconde guerre mondiale, la santé mentale, les questions raciales, la colonisation, les révolutions et les décolonisations, l’Europe, le Maghreb contemporain, l’Amérique latine et l’Amérique du Nord. Nous nous intéressons tout particulièrement à la façon dont on écrit l’histoire et à la construction des objets et méthodes de l’histoire du temps présent, notamment à la relation entre les historien·ne·s et les témoins. Nous analysons également les pratiques populaires liées aux passés (commémorations, enquêtes familiales généalogiques ou recherche d’archives à des fins d’égo-histoire) ainsi que certaines pratiques d’histoire publique.
Le laboratoire a été dirigé par
François Bédarida (1980-1990)
Robert Frank, professeur d’histoire des relations internationales à Paris 1 (1990-1994)
Henry Rousso, directeur de recherche au CNRS (1994-2005)
Fabrice d’Almeida (2006-2008), maître de conférences à l’université Paris X, puis professeur à l’université Paris II, avec Christian Ingrao, chargé de recherche au CNRS, directeur adjoint
Christian Ingrao, chargé de recherche au CNRS (2008-2013), avec Anne Kerlan, chargée de recherche au CNRS (2012-2013)
Christian Delage, professeur à l’université Paris 8 (2014-2021).
Malika Rahal, directrice de recherche au CNRS (depuis 2022), avec Pauline Peretz, maîtresse de conférence HDR à l’université Paris 8.