Isabel Piniella est post-doctorante à l’Institut d’Histoire du Temps Présent sous la direction de Frédérique Langue, titulaire d’un doctorat sur le thème : « Marginal Turn: The Rise and Fall of Intellectuals’ Political Commitment in the Cultural Production between 1958 and 1971 in Venezuela » (PhD Global Studies, Center for Global Studies, Institute of History, University of Bern, 2021)
Principales orientations de recherche :
Histoire de l’Amérique latine XXe s. — Histoire globale — Histoire des intellectuels — Analyse de réseaux — Analyse de discours — Sociologie de la culture — Histoire de l’art — Esthétique
Projet de recherche :
Usages et abus de la mémoire: L’affect dans la production culturelle récente de Cuba et du Venezuela
Le projet de recherche examine, dans une perspective comparée, le discours autour des figures de culte dans la pratique artistique dissident de deux pays des Caraïbes, Cuba et Venezuela, avec l’objectif de réfléchir sur la mémoire comme une construction du présent. Le projet vise à analyser un aspect spécifique des arts visuels : le questionnement de la mobilisation des affects liés à des figures historiques telles que Simón Bolívar et José Martí. De même, étant donné la globalité dans laquelle s’inscrit le marché de l’art, il propose une lecture réflexive sur la politisation de ses plateformes énonciatives.
En utilisant une combinaison interdisciplinaire de méthodes de l’histoire (analyse du discours, histoire de les émotions), et des études culturelles (analyse sémiotique, théorie critique) le projet se concentre sur la production de deux artistes : Deborah Castillo pour le Venezuela et Reynier Leyva Novo pour la cas cubain. La recherche sur la question de la mémoire se concentre majoritairement dans les pays du Cône Sud en relation avec le passé associé a des dictatures du XXe siècle et les études sur les émotions s’appliquent principalement aux discours politiques, mais pas aux productions culturelles. Il n’existe pratiquement aucun ouvrage qui traite la question de la mémoire comme une fabrication du présent dans les productions culturelles à Cuba et au Venezuela en perspective comparative. Dans ce contexte de recherche, cet projet repose sur l’hypothèse que ces pratiques artistiques fabriquent un discours alternatif de la mémoire collective a travers d’une sémantique matérielle qui fait appel à la compréhension de la nation.
La sélection des études de cas se fonde sur l’actualité de leurs ouvrages dans le circuit d’art contemporain. Les deux régions étudiées sont aussi caractérisées par leur situation sociopolitique et la condition révolutionnaire de leurs régimes. Il s’y joue aussi le ressentiment de la population et la détérioration des institutions et de l’infrastructure du pays, un cadre qui constitue un attrait particulier de la constellation comparative. En examinant le travail de Castillo et de Novo, le projet se concentre donc sur (1.) le développement, la forme et le contenu des discours et des pratiques orientés vers les figures de culte et la mémoire collective, ainsi que (3.) sur leur influence sur et par le marché mondial de l’art, pour (2.) mieux entendre la fabrication du présent.