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Les Maisons d’enfants sous tutelle d’Entr’Aide d’Hiver du Maréchal

18 juillet 2024

La thèse d’Isabelle Vaha, soutenue sous la direction de Mathias Gardet, est à présent disponible en ligne. Intitulée Les Maisons d’enfants sous tutelle du Secours National/Entr’Aide d’Hiver du Maréchal, entre prescrit idéologique et créativité pédagogique, la thèse traite du processus de prise en charge et de protection des enfants précaires, durant l’Occupation.

Résumé proposé par l’autrice

« Lorsque nos jeunes gens, lorsque nos jeunes filles entreront dans la vie, nous ne les abuserons pas de grands mots et d’espérances illusoires ; nous leur apprendrons à ouvrir les yeux tout grands sur la réalité . » : discours éminemment maréchaliste qui relève d’une instrumentalisation de la jeunesse en ces temps troublés que fut l’Occupation ; instrumentalisme avéré de la politique assistancielle menée par le Secours National/Entr’Aide d’Hiver du Maréchal en faveur de la protection de l’enfance. Mais est-ce seulement cela ? …/…L’ouverture de Maisons d’enfants est incontestablement un des volets du traitement d’une situation souvent dramatique, obéissant principalement à une injonction des plus pragmatique. En effet, les enfants (essentiellement ceux des villes) sont lourdement précarisés, souvent sous-alimentés en très mauvaise santé physique et psychologique. Ainsi, ces Maisons vont prioritairement participer à la reconstruction sanitaire d’une partie de la population la plus fragilisée du pays. Elles seront même désignées comme centres de suralimentation.…/…Dire qu’accueillir, soigner et encadrer des enfants d’une façon bienveillante et éclairée, dans le contexte que nous connaissons, peut être perçu comme un véritable non-sens. Et l’idée même d’envisager que des objectifs de protection ou de reconstruction éducative aient pu exister sous l’Occupation a toutes les raisons de nous questionner quand on sait ce que dont le gouvernement de Vichy a été capable : traque des « indésirables », persécutions diverses, attentisme ou, au contraire, collaboration active, etc. Pourtant, les Maisons d’enfants, dans certaines conditions et au nom d’une volonté affichée ou clandestine de ses acteurs, ont tenté ou même réussi à renverser l’équation de la répression sous toutes ses formes. Quant à innover, pédagogiquement parlant, sous Vichy, cela paraît tout autant invraisemblable. De plus, penser également que l’enfant puisse être un sujet de préoccupation réel de l’Etat vichyste semble, en effet, inacceptable. Pourtant, certains adultes, décideurs ou non, objets ou non de persécutions, n’ont pas ménagé leurs efforts pour briser une logique d’un déterminisme désolant. Ne pas l’accepter serait tout simplement nier le rôle et le travail de certains acteurs de cette histoire. Aussi imparfaites que puissent être nos investigations, nous pouvons dire que les Maisons ont pu être, autant que possible, une réponse aux saccages de la guerre sur les enfants, une façon de leur dissimuler la détresse des adultes, de ralentir ainsi le phénomène de leur maturation excessive et rapide en raison de toutes les privations matérielles et affectives dont ils furent les victimes. Les Maisons, pour les enfants, furent une inéluctable cohabitation avec l’angoisse d’un lendemain qui ne chantait pas. Pourtant, certaines, envers et contre tout, ont rempli des missions que l’on peut qualifier de salvatrices.Ce travail de recherches rend compte d’un camaïeu comportemental de tous ceux qui, en dépit de difficultés quasi insurmontables, ont FAIT, souvent en sourdine, l’Histoire. …sans oublier les enfants ! »


En complément, Isabelle Vaha a donné une conférence radio autour de sa thèse à la Maison des Jeunes d’Azay-Cheillé, et a rédigé un article dans la revue associative HSCO.